Est-il possible que l’abus d’animaux soit lié aux violences envers les humains ?
L’addictologue et professeur de psychologie sociale Laurent Bègue-Shankland de l’Institut universitaire de France en a discuté dans un article publié dans The Conversation.
Depuis les années 1960, il y a eu de nombreuses études sur les liens entre les troubles mentaux et la maltraitance animale. Selon le professeur, 96 publications sur ce sujet ont été publiées dans la revue scientifique Research in Veterinary Science depuis cette date. Il a également mentionné qu’il y a une corrélation entre les violences envers les humains et la maltraitance animale dans 98% des articles étudiés.
En outre, les personnes qui commettent des actes de cruauté envers les animaux ont souvent eux-mêmes été victimes de violences physiques, sexuelles ou psychologiques dans le passé. Selon une étude de l’université de Denver, les enfants victimes de violences sexuelles ont cinq fois plus de chances de commettre des actes de violence envers les animaux que les autres enfants. Cependant, il est important de noter que les actes de cruauté envers les animaux peuvent varier considérablement et que différentes espèces d’animaux peuvent être touchées de manière différente et ont des significations différentes, ajoute le professeur de l’université de Grenoble Alpes.
Selon l’article, différentes méthodes de violence ont des conséquences différentes. Une étude américaine menée sur 257 détenus a révélé que plus la proximité physique est importante lors de l’acte de cruauté (comme frapper, donner un coup de pied, poignarder, bruler, etc), plus le risque de violences envers les humains augmente. D’autres méthodes telles que l’utilisation d’une arme à feu permettent une certaine distance physique entre l’auteur et l’animal, ce qui entraîne un « plus grand détachement » de l’auteur.
Les limites des études sur la relation entre la cruauté envers les animaux et les violences envers les humains.
Les études sur la relation entre la cruauté envers les animaux et les violences envers les humains ont des limites. Ces études sont souvent menées sur des personnes incarcérées ou des tueurs en série, et les résultats ne sont pas comparés à ceux de la population générale. Il est important de prendre en compte cette comparaison pour déterminer si la cruauté envers les animaux est synonyme de violences envers les humains. En outre, il est fréquent que les actes de cruauté envers les animaux ne soient pas dénoncés ou ne soient pas enregistrés, ce qui complique l’analyse.
Pour surmonter les limites des études précédentes, une étude de l’université de Saint-Louis aux États-Unis a établi un échantillon représentatif de 43 000 personnes anonymes. Les résultats ont montré qu’un taux de criminalité était considérablement plus élevé chez les personnes ayant commis des actes de cruauté envers les animaux par rapport à ceux qui n’en ont jamais commis.
Une étude française menée auprès de 12.300 élèves de 13 à 18 ans a montré que les adolescents ayant commis des actes de cruauté envers les animaux étaient également plus souvent impliqués dans des incidents de harcèlement scolaire.
Selon Laurent Bègue Shankland, les élèves qui considèrent qu’il existe une « différence fondamentale de valeur » entre les humains et les animaux ont plus de probabilités d’avoir commis des actes de cruauté envers les animaux. Ce résultat suggère que, en plus des facteurs psychopathologiques qui peuvent affecter les auteurs de maltraitance animale, la hiérarchie des espèces peut également conduire à la violence. Les témoignages recueillis dans cette étude montrent que certains élèves ont déclaré avoir commis des actes de cruauté envers les animaux parce qu’ils les considéraient comme des « objets » ou des « choses » sans valeur.