En avril 2022, les gendarmes ont effectué une perquisition dans un refuge situé à Wavrin près de Lille, dans le Nord, et ont découvert près de 130 animaux domestiques, principalement des chiens, dans un état alarmant qui laissait supposer des actes de maltraitance. Le refuge a été baptisé « chenil de l’horreur ». Les propriétaires des lieux sont en procès ce vendredi au tribunal de Lille, rapport le média 20 minutes.
Cinq personnes font l’objet de poursuites pour des accusations de « sévices graves ou acte de cruauté envers un animal domestique », ainsi que pour « exécution d’un travail dissimulé » et « vente de chiens ou chats sans établir de règlement sanitaire ». Le principal accusé, Didier D., a déjà fait l’objet d’une composition pénale en 2011 pour des pratiques commerciales trompeuses impliquant des animaux, selon 20 minutes.
Des propriétaires de chiens qui se sont plaints ont alerté les forces de l’ordre. La gendarmerie d’Allennes-les-Haubourdin a décrit dans un tweet comment « les particuliers récupéraient souvent les animaux dans un état déplorable, blessés, amaigris, couverts de puces et d’excréments ».
La procédure judiciaire a été déclenchée par une plainte déposée en octobre 2021. Un propriétaire de chien a raconté à 20 Minutes comment il avait confié son chien, un Malinois, à la pension de Wavrin en juillet et comment il a été informé, une dizaine de jours plus tard, que son chien était mort deux jours auparavant sans avoir été prévenu. Il aurait succombé à une blessure à la patte causée par une tôle.
L’homme ayant plus de vingt ans d’expérience de travail avec les chiens a réalisé que la gestion sanitaire du chenil était catastrophique. Il a déclaré que son chien, qui était en bonne santé, était mort d’une congestion pulmonaire selon l’autopsie et qu’il avait certainement subi un choc.
L’enquête menée par la justice a abouti à la perquisition du chenil quelques mois plus tard. Les gendarmes y ont trouvé le corps congelé d’un chien et des pratiques illégales de médecine vétérinaire impliquant un trafic de puces d’identification électroniques.
« L’un des accusés pendait un chien »
En plus de la gestion du chenil, Didier D. et ses deux fils sont également soupçonnés d’avoir mené une activité d’élevage de chiens et de formation de maîtres-chiens dans des conditions inhumaines. « Nous sommes sur une affaire très lourde en termes d’actes de cruauté. L’un des prévenus pendait un chien et chronométrait le temps qu’il mettait pour mourir », a déclaré Me Xavier Bacquet, avocat de la Fondation 30 Millions d’Amis qui s’est porté partie civile dans ce procès.
« Cette affaire montre deux choses, explique Me Bacquet. La perversité de l’Homme d’une part. Et, d’autre part, l’insuffisance de la réponse pénale dans ce type de dossier. Tant que nous n’aurons pas une infraction contre les trafics d’animaux, ces horreurs pourront continuer »
Selon l’avocat, « une infraction de trafic d’animaux aurait permis à la justice de poursuivre plus largement au regard de la provenance des chiens, question que pose cette affaire, et du trafic constaté de puces électroniques permettant de les identifier ».