Dans une récente étude américaine, la transformation du régime alimentaire des chimpanzés en Ouganda soulève des inquiétudes sanitaires majeures. Avec la disparition de l’arbre Raphia farinifera, essentiel à leur alimentation, ces primates ont adopté une source alternative et risquée : le guano de chauve-souris. Cette modification, due à l’expansion agricole pour la culture du tabac, expose désormais les chimpanzés à des pathogènes potentiellement dangereux.
La réserve forestière de Budongo, chevauchant l’Ouganda, le Rwanda et le Burundi, abritait autrefois de nombreux palmiers Raphia farinifera. Ceux-ci fournissaient aux chimpanzés de l’Est des minéraux vitaux issus de leur décomposition. Toutefois, la culture intensive du tabac entre 2006 et 2012 a drastiquement réduit ces populations d’arbres, d’après une publication de l’Université de Wisconsin-Madison dans la revue Communications Biology.
Face à la raréfaction de leur source de minéraux, les chimpanzés ont exploré des alternatives comme l’argile et la moelle d’autres arbres, mais c’est le guano de chauve-souris qui retient particulièrement l’attention, en raison de sa richesse en nutriments. Cependant, des analyses métagénomiques de ces excréments ont révélé la présence de 27 virus inédits, avec des implications potentielles alarmantes pour la santé publique. Parmi eux, un proche parent du SARS-CoV-2, agent du COVID-19, a été identifié.
Cette situation illustre un exemple frappant de l’impact de la déforestation non seulement sur la biodiversité mais aussi sur la santé publique, mettant en lumière les risques d’émergence de nouveaux virus transmissibles à l’homme. Cette découverte renforce l’urgence de repenser les pratiques agricoles et de conservation pour protéger à la fois l’environnement et la santé mondiale.